
"La couleur de la pierre est communément grise et les taches un peu plus obscures imitent une perspective aérienne" d'après "l'écriture des pierres" de Roger CAILLOIS
Lors de mes séjours à Paris, je m'offre une balade dans le quartier des galeries d'art et je m'abreuve de tant de "BEAUTE".
J'ai découvert il y a quelques années la galerie de Claude BOULLE, 28, rue Jacob, présentant des tableaux originaux : les "paesine".
Intriguée, j'ai poussé la porte et j'ai pu admirer ces "pierres paysages - pierres imagées".
Pour mieux vous en parler je suis allée faire des recherches sur internet et j'ai trouvé cet article très intéressant sur Claude Boullé.

"Il est grand, mince et discret, les cheveux blancs et toujours le marteau du géologue à la main. Vous l'avez peut-être rencontré du côté de Fiesole. C'est un français, il s'appelle Claude Boullé. Depuis quarante ans, il cherche, trie, porte, scie et polit les Paesine. Ce mot pluriel italien, désigne les pierres-paysages. Une vision naturelle sur le marbre qui sort de l'ordinaire. Les Paesine étaient déjà connues de Pline l'Ancien. Elles ont suscité l'admiration des amateurs de cabinets de curiosités naturelles à la Renaissance. Les Médicis en décoraient leurs cabinets italiens, en faisaient des inclusions dans les marqueteries de pierres dures par les artisans florentins. Les Paesine étaient parfois peintes, leur décor fantastique servant de fond à ces tableaux de pierre des XVIIe et XVIIIe siècles, très prisés des collectionneurs. Plus proches de nous, les Paesine ont été à nouveau chantées par les surréalistes avec André Breton et Roger Caillois.
Claude Boullé, spécialiste en la matière, nous explique :"Ce sont des infiltrations d'eaux chargées de sels minéraux, dont l'oxyde de fer et de manganèse. Ils sont à l'origine de ces paysages dont la formation prend des millions d'années". L'humidité de la terre conserve ces incroyables coloris vert, bleu ou gris de ciels et de mers ou les veines brunes dessinent des ruines, des villes fantômes ou des grottes. Cet artisan-artiste les traite suivant un graphisme contemporain, entre rêve et poésie. Et ne croyez pas les trouver là, telles que, au bord du chemin. "Il marmo, è l'eternità !", "le marbre, c'est l'éternité".




Je crois que c'est André BRETON qui disait que les ailes de ce papillon ressemblaient à une pierre nommée paesine en Italie.

"Dans le miel ou le lait bleu de l'agate, les dendrites esquissent souvent des paysages : collines, vallons ou combes, toujours plantés de sapins que la distance rend minuscules". Roger CAILLOIS, Pierres, Paris, Gallimard 1966
EN CE QUI CONCERNE les dendrites, une de nos célèbres romancières s'adonnait à cette discipline.
Je vous en parlerai prochainement.