J'avais tellement rêvé de visiter ce musée, aussi lorsque je suis allée une journée à Paris avec
mon fils et mes petits enfants, cet été, ce fut l'occasion de découvrir cette pure merveille.
Dans le quartier de Saint Germain des prés : les
thermes de Cluny, ou thermes du nord de Lutèce, comptent parmi les vestiges antiques les plus monumentaux du nord de la France.
Pilier de Saint-Landry, première moitié du IIème siècle - calcaire.
Sur ces fragments, qui appartenaient à un pilier votif, plusieurs divinités romaines sont identifiables, tels Mars ou Vulcain ; le caractère incomplet de l'oeuvre en rend cependant
l'interprétation difficile. Les figures sculptées complètes, en revanche, donnent à voir la très belle qualité de la sculpture gallo-romaine du IIème sièche de notre ère, nourrie de l'influence
classique imprimée par l'Empire sous les règnes de Trajan et d'Hadrien.
Feuille de diptyque - Rome vers 400 - ivoire d'éléphant - Provient de
l'abbaye de Montier-en-Der (Haute Marne) , où il était remonté sur le reliquaire du saint fondateur. Acquis en 1862.
Saint Paul - Gaule (vallée de la Meuse) ou Constantinople, fin VI ou VIIème siècle - ivoire d'éléphant - Provient de Metz - acquis en 1893 - Devant une
arcature aux colonnes et au tympa orné d'une coquille, un apôtre barbu est représenté conventionnellement debout, en toge recouverte d'un manteau, les pieds nus dans des sandales. Il tient un
livre fermé dont la reliure est ornée d'une croix et fait un geste de bénédiction. L'inscription gravée sur la tabula ansata précise qu'il s'agit de saint Paul. L'origine de l'oeuvre est discutée
: elle pourrait provenir de Constantinople, mais on peut également la rapprocher d'un groupe d'ivoires orientalisants exécutés en Gaule, peut-être dans le secteur mosan. La provenance messine de
cette plaque et sa ressemblance avec les plaques de saint Paul du trésor de Tongres et de saint Pierre des musées royaux de Bruxelles semblent conforter cette seconde hypothèse.
Diptyque - Angleterre ? VIIIème siècle - Italie ? Xème siècle - ivoire d'éléphant. Provient du trésor de la cathédrale de Beauvais - acquis en 1843. Ces
deux plaques sont sculptées sur chaque face mais le remploi dont elles furent l'objet - visant sans doute à constituer des plaques de reliure - a entraîné un arasement de l'avers. On y devine
toutefois des scènes de la vie du Christ - Baptême, Cruxifixion, Ascension - traitées dans un style qui pourrait être insulaire. Le revers présente, dans un cadre de feuilles d'acanthe, un décor
de rinceaux au sein duquel sont figurés des animaux exotiques ou fabuleux. Le lieu d'excution de ce revers est discuté mais il est probable qu'il se situe au sud des Alpes.
Ariane, ménade, satyre et amours - Constantinople, première moitié du VIème siècle - haut relief en Ivoire d'éléphant - Réputée avoir été découverte dans
une tombe de la vallée du Rhi avec une paire de têtes de lion en cristal, cette sculpture - probable applique pour un élément mobilier - est l'un des plus beaux exemples connus du travail de
l'ivoire à Constantinople. Sculptée en très haut relief, Ariane, flanquée d'une ménade, d'un satyre et de deux amours, tient une coupe et un thyrse. La densité de la composition, l'admirable
rendu du corps dévoilé ous la draperie souple de la robe, la plénitude du visage de la déesse, confèrent à cette sculpture une beauté représentative de la subtile reprise des motifs antiqus par
les articles byzantins. L'Ariane du musée Cluny fut probablement créée dans le même atelier que le célèbre feuillet de diptyque impérial dit "ivoire Barberini" (musée du Louvre).
Christ - Auvergne, seconde moitié du XIIème siècle - Poirier - traceds de polychromie. Au sein du riche groupe de Christ sculptés sur bois dans l'Auvergne
de la seconde moitié du XIIème siècle, celui-ci se détache particulièrement ; Son sculpteur connaissait visiblement, outre les productions de sa région, celles de Bourgogne et certains fruits du
premier art gothique. Dans le rendu du périzonium (vêtement ceignant les hanches), aux longs plis concentriques très marqués et au noeud particulièrement complexe, il atteint le sommet de son
art.
Apôtres - Calcaire lutétien - Proviennent de la Sainte-Chapelle de
Paris - Attribués en 1850. Outre sa remarquable plasticité architecturale, son trésor et son ensemble de vitraux, la Sainte-Chapelle de la Cité comportait aussi un riche décor sculpté. Les douze
statues d'apôtres placées sur les piliers de la chapelle haute dont six furent déposées au musée de Cluny lors de sa restauration, marquent un sommet de l'art parisien du milieu du XIIIème
siècle.
Apôtre : Paris entre 1319-1324 - calcaire lutétien - Provient de l'église de l'hôpital Saint Jacques des Pélerins - Cette église faisait partie d'un vaste ensemble hospitalisier bâti
à partir de 1319. Elle comportait comme la Sainte Chapelle un collège apostolique dont la réalisation fut confiée à deux sculpteurs : Robert de Lannoy et Guillaume de
Nourriche (déformation probable du nom de sa ville d'origine, Norwich). Le corps presque frêle de cet apôtre, les traits équilibres et puissants de son visage révèlent la main
du second artiste.
Saint Jean l'Evangéliste - Marbre - Provient peut-être de l'abbaye de Longchamp, à Paris, attribué en 1891
Dans les dernières années du XIVème siècle, coté de la sculpture suave et raffinée qui s'était développée au cours des décennies précédentes, appraissent d'autres oeuvres qui, tout en
maintenant une certaine souplesse, recherchent moins l'élégance que la puissance.
En témoigne cette sculpture à laquelle le traits sévèrement taillés et le rude tombé du drapé donnent une force profondément émouvante.
Présentation au Temple - Paris ? - dernier quart du XIVème siècle - Marbre
Les deux blocs, que séparait un élément central, faisaient partie d'un retable qui comportait sans doute aussi un ange aujourd'hui conservé au Metropolitan Museum de New York. L'ensemble est
l'ouvre d'un grand sculpteur maîtrisant parfaitement l'emploi du drapé pour poser et animer le corps, connanant les oeuvres de Jean de Li-ge et d'André Beauneveu mais s'en écartant parfois,
notamment dans le travail des visages, plus pleins, ronds et lourds.
SUBLIME A MON AVIS !!!
Vierge à l'enfant - Paris vers 1240-1250 - Ivoire
d'Elephant - ancienne collection F. Baverey acquise par dation 2007- Taillée dans une défense d'imposantes dimension, cette Vierge à l'Enfant se rapproche par son style de la sculpture parisienne
de l'époque. Elle témoigne de manière exceptionnelle des début de l'art des ivoiriers parisiens en un temps où l'importation de défenses est encore un phénomène nouveau et où les ivoiriers
restent proches des sculpteurs sur pierre. Elle se rapproche par ailleurs notamment dans le travail du voile et du visage, de la Vierge d'ivoire provenant de Saint-Denis, aujourd'hui conservée au
musée de Cincinnati.
Vierge à l'enfant - Lorraine, deuxième quart du XIVème siècle -
calcaire
Si le culte de la Vierge se développe en Occident à partir du XIIème siècle, c'est au XIVème siècle que se multiplient dans toute l'Europe les représentations de la Vierge à l'Enfant;
Dans ce paysage, les Vierges lorraines se distinguent par leur silhouette trapue, presque épaisse, au hanchement à la fois visible et peu marqué.
La Vierge du musée - tout comme celle, très proche, de la cathédrale de Saint-Dié - est particulièrement représentative de l'ensemble.
J'espère que cet article vous aura permis de vous rendre compte de la beauté de ce musée et des merveilles que l'on peut y admirer !!!!
Je me suis servi du guide du musée pour rédiger mon article et j'espère que l'on ne m'en voudra pas - dans le cas contraire, je retirerai aussitôt mes explications