Le 2 novembre, le sculpteur parisien d'origine péruvienne, Alberto Guzmán, s'est éteint à l'âge de 90 ans. En 2012, le musée des Beaux-Arts de Pau avait organisé une exposition rétrospective de son œuvre picturale et sculpturale qui mettait en lumière un demi-siècle de réflexion artistique.
Né en 1927 à Talara au Pérou, Alberto Guzmán suit des études à l’école nationale des Beaux-Arts de Lima où il expose en 1953 sa première sculpture abstraite en fer soudé. Il organise ensuite sa première exposition personnelle à l’Instituto de Arte Contemporaneo à Lima en 1959, date à laquelle il obtient, sur concours, une bourse offerte par la France pour séjourner à Paris. Deux ans plus tard, il présente ses créations en fils de fer soudés au musée d’Art moderne de la Ville de Paris dans le cadre de l’exposition « L’art latino-américain de Paris », puis au salon de la Jeune Sculpture. Guzmán met en œuvre un langage universel dans lequel deux demi-sphères maintenues à distance par des fils métalliques en tension traduisent l’impossibilité pour l’être humain de parvenir à l’unité essentielle.
Guzmán expose également à Caracas et à Valence en 1965 et participe à la Biennale de Venise l’année suivante. À partir des années 1970, l’artiste cherche à transposer ses créations dans le marbre et commence à travailler sur le clair-obscur en réalisant des dessins sur papier ou sur carton dans lesquel il réalise ensuite des perforations et des découpages. Guzmán reçoit le Prix Bourdelle en 1971 et organise l’année suivante au musée du même nom une exposition personnelle sur ses sculptures et dessins réalisés entre 1959 et 1972. En 1973, il participe à l’exposition « Sculptures en montagnes » au Plateau d’Assy puis présente ses travaux à la Triennale de sculpture européenne au Grand Palais (1982) et à la Biennale de La Havane (1986).
Parallèlement à sa carrière de sculpteur, Guzmán a réalisé des bijoux, des meubles et des décors de théâtre. En 2012, le musée des Beaux-Arts de Pau organise une rétrospective de l’ensemble de son œuvre dans laquelle on redécouvre quarante-cinq sculptures en marbre ou en métal ainsi qu’une trentaine de tableaux réalisés depuis 1959.
Pour Guzman, l'inspiration vient essentiellement de la lumière et du ciel, mais aussi de la terre et du sable. Guzman se souvient des premières dunes vues dans son enfance, au nord du Pérou. Il se souvient de l'ombre des rides sur le sable, des ondulations des lignes de la terre évoquant comme un grand serpent. " J'adore la montagne, la cascade, la dune, la nature, les bancs de poissons, les agglomérations des éléments qui me touchent et me servent de catalyseur pour réveiller les formes que j'ai en moi." Le geste de la main qui trace une faille dans le bloc de marbre, pour mieux traverser cette matière, crée l'idée du parcours, celui d'un homme au cours de toute son existence comme pour "imaginer sa trajectoire de la naissance à la mort".
Parfois l’œuvre d’un artiste marque particulièrement la mémoire. Recevant Alberto GUZMAN pour l’Encyclopédie, c’est un souvenir très précis qui revenait à la surface. Il faut remonter à 1973 lors de la manifestation « Sculptures en montagne » au Plateau d’Assy dans les Alpes, événement créé par le poète Jean-Pierre LEMESLE .
Les sculpteurs et les peintres étaient invités à placer ou créer une œuvre dans des circuits au cœur de la montagne. Cela fut l’occasion pour le sculpteur Alberto GUZMAN d’une création particulièrement originale et spectaculaire que j’eus l’occasion de filmer pour un magazine d’actualités cinématographiques.
Pour cet artiste, qui , à cette période de son travail, réalisait des sculptures en métal jouant sur la tension, hérissées de tiges métalliques, le site naturel offrit une idée remarquable :créer, en ficelles colorées un arc en ciel traversant une petite vallée .
Cette œuvre, réalisée uniquement pour la durée de la manifestation, marqua beaucoup les visiteurs. Trente ans plus tard, elle me fait penser qu’une œuvre provisoire, fragile, est capable de marquer davantage la mémoire que certains bronzes inaltérables. Comme Michel SEUPHOR l’écrivait comme titre d’une de ses pièces de théâtre, « L’éphémère est éternel ».(Chroniques de l'Encyclopédie Audiovisuelle de l'Art Contemporain)
Parallèlement à son œuvre de sculpteur dont témoignent un certain nombre d' œuvres monumentales pour la ville, ainsi que des fontaines, Alberto Guzman réalise des bijoux, des meubles et des décors de théâtre.(WIKIPEDIA)
Je rêve d'une sculpture comme un puits de lumière. La lumière vient des étoiles, le cosmos est rempli des étoiles qui donnent la lumière."
Alberto Guzman
Place Souham Fontaine. Alberto Guzman. 1983.